Nevernight, Tome 1 : N’oublie jamais – un roman de fantasy sombre dans un univers sans nuit

Dans un pays où trois soleils ne se couchent presque jamais, une tueuse débutante rejoint une école d’assassins, cherchant à se venger des forces qui ont détruit sa famille.

Fille d’un traître dont la rébellion a échoué, Mia Corvere parvient de justesse à échapper à l’anéantissement des siens. Livrée à elle-même et sans amis, elle erre dans une ville construite sur les ossements d’un dieu mort, recherchée par le Sénat et les anciens camarades de son père.

Elle possède un don pour parler avec les ténèbres et celui-ci va la mener tout droit vers un tueur à la retraite et un futur qu’elle n’a jamais imaginé.

À 16 ans, elle va devenir l’une des apprentis du groupe d’assassins le plus dangereux de toute la République : L’Église rouge. La trahison et des épreuves l’attendent dans les murs de cet établissement où l’échec est puni par la mort. Mais si elle survit à cette initiation, Elle fera partie des élus de Notre-Dame du Saint-Meurtre, et elle se rapprochera un peu plus de la seule chose qu’elle désire : la vengeance.

Mon ressenti :

Jay Kristoff, auteur connu pour ses romans dont on vante le côté entraînant, voit sa plume fraîchement découverte par moi dans ce roman de Dark Fantasy !

N’oublie jamais est une histoire de vengeance, de haine et de souvenirs douloureux d’une famille brisée.

Alternant entre souvenirs d’enfance et le présent, on voit ce qu’à traverser Mia, ce qu’elle a enduré pour en arriver là. On comprend aussi pourquoi elle est autant chargée de colère et d’une telle soif de meurtre envers les plus importants dignitaires de sa ville natale.

Le Sénat a détruit sa vie, celle de son nourrisson de frère et de sa fière mère. Victimes collatérales des conséquences de la sanction de leur mari et père rebelle, les Corvere se sont retrouvés dans la Pierre philosophale, une prison où seules les ténèbres accompagnent ses résidents.

Mia a vu enfant son père danser au bout d’un corde, et elle n’a pas détourné son regard de petite fille, puisant dans cette souffrance mémorielle chaque fois qu’un choix difficile apparait au cours de son voyage vers l’Eglise rouge, et durant son initiation au sein de cette secte de tueurs endoctrinés.

Tous les personnages sont bien construits et facilement distinguables. Ils ont des nuances, leurs propres histoires, caractéristiques et points forts et faibles. L’écriture de Jay Kristoff est fluide et claire, même quand il use de comparaisons et métaphores n’existant que dans son monde, le rendu puissant permet au lecteur de bien se visualiser la scène et parfaitement assimiler ce qu’il veut transmettre par sa plume.

« Il existe à Vaan une race d’arachnide connue sous le nom d’araignée de source.

La femelle est d’un noir de vrainuit, et possède l’instinct maternel le plus étonnant de toute la république animale. Une fois fécondée, elle confectionne un garde-manger, le remplit de cadavres, puis s’enferme à l’intérieur. Si le feu menace son nid, elle préfère préfère brûler vive plutôt que de l’abandonner. S’il est assailli par un prédateur, elle mourra pour défendre sa couvée. Mais si radical est son refus d’abandonner ses petits qu’une fois les œufs pondus, elle cesse de bouger, même pour chasser. Voilà ce qui lui vaut le titre de mère la plus féroce de la République. Parce qu’une fois qu’elle a terminé toutes les réserves de son garde-manger, la femelle commence à se dévorer.

Une jambe à la fois.

Elle s’arrache les membres de son thorax. Mange juste assez pour rester vigilante. Se dévore vivante jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus qu’une jambe – seul compte pour elle le trésor entouré de soie qui enfle sous son corps. Et lorsque ses bébés éclosent, qu’ils quittent le cocon dans lequel elle les a si amoureusement enfermés, ils prennent immédiatement part à leur tout premier repas.

La mère qui les a portés.

Je vous le dis maintenant, chers amis, et je vous jure que c’est la vérité : la plus féroce des araignées de toute la République était loin de valoir Alinne Corvere en la matière.« 

Pour avoir le droit d’entrer dans Notre-Dame-du-saint-Meurtre, il faut payer un tribut à la Mère noire, une divinité haï par la majorité des habitants de République. Et du début à la fin, l’épopée de Mia Corvere a été pleine de surprises et riches en événements haletant !

Elle-même est un personnage qui s’ignore, autant sur le fait qu’elle est en fait une personne empathique, avec un bon fond, malgré sa haine envers le Sénat et le fait qu’elle soit une meurtrière.

C’est justement une teinte de couleur extrêmement plaisante : ce n’est pas tout blanc ou tout noir. Oui, elle fait des choses mauvaises, mais non elle n’est pas le mal incarné, contrairement à ce que de nombreux auteurs en YA s’obstinent à créer. Les êtres humains sont pleins de nuances, beaucoup ont leur part sombre, et c’est le cas des personnages de ce livre.

L’un des plus gros mystères se révèle être sa nature profonde car elle est une Enténébrée, une personne touchée par la Mère noire, mais personne ne sait concrètement ce que cela signifie, faisant de nombreuses interrogations jaillir.

Le monde construit est si riche que tout ne peut pas tenir dans ce très gros livre, faisant Jay Kristoff mettre de nombreuses et copieuses notes de bas de pages qui approfondissent un point évoqué par un des personnages, une anecdote rigolote, macabre, sarcastique ou un mythe.

D’ailleurs, malgré le ton très sombre et assumé du récit, car rien ne nous ait épargné dans les descriptions de meurtres, de tortures et de ce qui se passe après l’exécution de quelqu’un (comme le fait que les morts défèquent suite au relâchement des sphincters), l’humour particulier de l’auteur a agi comme un charme sur moi.

Une pause. Un sourcil qui se plisse. Un des yeux de Daniio parut prendre la tangente, comme distrait par de jolies fleurs, ou peut-être un arc-en-ciel 7 . « Si fait, finit-il par lui répondre.

— On m’a dit – spécifiquement dit, d’accord ? – de venir au Vieil Impérial sur la côte d’Ashkah et de donner ma dîme au Gros Daniio. » Mia poussa la bourse sur le comptoir. « Alors prenez-la.

— Qu’est-ce qu’y a dedans ?

— Le trophée d’un tueur, en nature.

— Hein ?

— Les dents d’Augustus Scipion, bourreau en chef du Sénat d’Itreya.

— Est-ce qu’y va v’nir les récupérer ? »

Mia se mordit la lèvre. Ferma les yeux. « … Non.

— Par les abîmes, comment qu’il a perdu ses…

— Il ne les a pas perdues . » Mia se pencha plus avant – maudite soit l’odeur de cet individu. « Je les ai arrachées de son crâne après lui avoir tranché sa misérable gorge. »

Le Gros Daniio sombra dans le silence. Une expression presque réfléchie parcourut son visage. Il se pencha en avant, enveloppé par une terrible puanteur de poisson pourri – des larmes jaillirent aussitôt des yeux de Mia. « Excuse-moi, gamine, mais qu’est-ce que j’suis censé faire des dents d’un crétin mort ? »

En somme, le tome 1 de Nevernight a offert un condensé de tout ce qui me plait dans une histoire : de l’action, des mystères, du suspense, un monde fourni, une intrigue bien ficelé, des personnages bien pensés qu’on hésite pas à sacrifier, et de l’humour (sarcastique et noir).

Toutes ces bonnes choses sont enroulées dans une bonne plume, que demandez de plus ?

Affinités :

J’ai acheté la version reliée qui est un livre-objet de toute beauté ! Et j’encourage toutes les personnes aimant les récits qui ne font pas de cadeaux, qui recèlent de surprises et de personnages très nuancés et bien construits à s’aventurer dans l’église rouge aux côtés de Mia Corvere !

Ma note : 20/20

Gros coup de cœur !

18 réflexions sur « Nevernight, Tome 1 : N’oublie jamais – un roman de fantasy sombre dans un univers sans nuit »

  1. « Parce qu’une fois qu’elle a terminé toutes les réserves de son garde-manger, la femelle commence à se dévorer. » Ce passage m’a fait froid dans le dos tout en étant bizarrement beau d’abnégation.
    J’ai craqué pour la version reliée et préfère attendre d’avoir le bon état d’esprit pour attaquer le roman, mais il a l’air sacrément puissant, immersif et visuel !

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  2. J’ai découvert l’auteur en lisant le premier tome de sa saga Illuminae, roman qu’il m’a laissé plutôt de marbre pour être honnête…
    Mais Nevernight me fait terriblement envie! J’hésite encore entre la découvrir en VO ou en français 🤔

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    1. Je n’ai pas lu Illuminae, mais j’avais vu plein de retour positif dessus (comme quoi, tous les goûts sont dans la nature). Eh bien la traduction était très bonne, mais je ne lis que des mangas en anglais, pas de romans, donc je ne saurais que te conseiller :/

      J’aime

  3. J’aime lire que ce roman qui a été un coup de cœur, l’est pour d’autres. Ce premier tome est d’une puissance inqualifiable ! L’univers est si sombre et pourtant si dépaysant. Les personnages eux sont tous attachants. VIVEMENT LA SUITE !!!

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    1. Oooh… dommage, il m’a fait très forte impression vu que je peine à trouver des romans sombre avec les ingrédients que je cherche (comme lui). Mdrrr, oui, un comble d’avoir oublier un livre se nommant N’OUBLIE JAMAIS ! Quels ont été tes livres coups de coeur Kin ?

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    1. C’était un condensé de tout ce que j’aime trouver dans un roman ! et pour le coup, les personnages ne sont pas doux ni bon enfant. J’espère que tu ne seras pas déçue ou qu’il réussira tout de même à satisfaire tes exigences !

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    1. Humm, je ne pense pas qu’il te plairait. Il est dense, les notes de bas de page aussi, le monde tout autant, et ça te perdra. Mais ouais, il y avait vraiment tout ce que j’aime dedans, ça m’a trop fait plaisir d’être autant séduite, j’espère que le tome 2 sera tout aussi délicieux !

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