Wilder Girls – un virus défigurant et ravageant l’extérieur comme l’intérieur

Genre : Young-adult, Science-fiction

Editeur : Robert Laffont

Résumé : wilder-girls-1152796

Une île sauvage, trois amies inséparables, une descente aux enfers.

Voilà bientôt dix-huit mois qu’un mal inconnu, la Tox, a frappé l’île Raxter. Dix-huit mois que le pensionnat pour jeunes filles qui en occupe la pointe a été mis sous quarantaine.

D’abord, la Tox a tué les enseignantes, une à une, puis elle a infecté les élèves, dont les survivantes portent désormais ses monstrueux stigmates dans leur chair.

Coupées du reste du monde, cernées par les bêtes mutantes qui rôdent dans les bois alentour et livrées à elles-mêmes, celles qui restent n’osent plus sortir de l’enceinte de l’école. Jour après jour, elles attendent le vaccin que le gouvernement leur a promis.

Hetty et ses deux meilleures amies, Byatt et Reese, se serrent les coudes malgré les privations, bien déterminées à lutter ensemble jusqu’au bout…

Plus glaçant encore que Sa Majesté des mouches, un huis clos féminin et féministe qui a fait frissonner l’Amérique de plaisir !

Mon ressenti : 

Wilder girls écrit par Rory Powers m’a attiré dès que j’ai vu sa couverture. Le thème mystérieux et sanglant m’intriguait tout autant et c’est avec la conviction qu’il me plairait beaucoup que je l’ai acheté.

L’histoire ne commence pas avec une structure chronologique et calme. On ne se trouve pas au commencement de l’épidémie et on ne va pas suivre sa propagation étape par étape. 

On peut dire que l’autrice nous a situé au tournant décisif de l’épidémie, celui qui montre qui, de la maladie, ou de l’humanité réussira à l’emporter. 

Dans ce roman à deux voix, nous suivons les tours de Vigie, les entrainements au tir et les expéditions de l’équipe de Ravito au delà de la grille entourant le pensionnat. 

Nous lisons les états d’âme de Hetty et avons par elle ceux des autres filles du pensionnat en quarantaine sur l’île Raxter depuis maintenant un an et six mois.

Les informations sont délivrées au fur et à mesure qu’une situation se présente. Lorsque Hetty croise une autre fille, la décrit, nous savons quels stigmates de la maladie elle porte sur son corps. Qui a réussit à survivre, et qui a trépassé ainsi que la manière dont cela s’est déroulé. 

Entre Byatt, sa meilleure amie qui a une deuxième colonne vertébrale, Reese, qui a un poing à présent constitué d’écailles, et elle-même avec un œil en moins et la sensation que quelque chose bouge à l’intérieur, on comprend d’office que ce ne sera pas un roman tendre avec ses personnages. 

Quand les filles du pensionnat ne luttent pas pour survivre de leurs crises répétées durant lesquelles elles crachent des os, du sang, et parfois des organes internes, elles luttent pour manger et pour survivre. 

Lorsque l’équipe de Ravito revient avec la cargaison de nourriture que le gouvernement leur fait parvenir, c’est à celle la plus forte que revient les denrées les plus précieuses telles qu’une orange. Pas de rancune, pas de pitié. Cogner pour se nourrir en sachant que le peu ne suffit pas pour toutes les filles place ce pensionnat dans un système sauvage préétabli et civilisé. Pour eux.

Le règlement ne sert plus à rien, les lois de courtoisie et de civisme n’ont plus lieu d’être. Ils sont remplacés par d’autres règles plus dures mais plus adaptées à leur situation.

Apprendre à manier des armes même en étant mineure est nécessaire et n’est pas un exercice sur lequel on peut se permettre de passer. Qu’on aime ou pas en tenir, il faut tirer. Les bêtes sauvages comme les coyotes et les ours de la forêt de Raxter ayant mutés par le virus n’auront aucune hésitation à déchiqueter une proie ne sachant pas se défendre. Et parfois, même tirer ne suffit pas. 

Autant vous dire qu’il y avait là le nécessaire pour rendre l’histoire prenante. En plus du mystère que représente le virus, et les quelques secrets que conservaient la directrice et mademoiselle Welch, les deux seules figures d’autorités restantes, tous les autres professeurs ayant succombés à la maladie, comme certaines pensionnaires, qui ont même dû être abattues par leurs copines lorsqu’elles devenaient incontrôlables à cause du virus. 

Pourtant, les deux plus gros défauts de ce roman sont pour moi le rythme et l’écriture. Je ne sais pas si c’est la traduction qui a été aussi mauvaise, ni si mon livre était un exemplaire défectueux (ce dont je doute car d’autres n’auraient pas eu le même bol que moi) mais le style n’a pas du tout collé avec moi. 

Et pourtant, je ne suis pas une personne bloquée les styles classiques. Mais là, les phrases à demi écrites, les mots avec des blancs dont on ne comprend pas l’utilité, et l’effet à l’arrache et trop « parlé » de certains paragraphes ont été une barrière à mon intégration totale au récit. 

Pour exemple, le roman commence ainsi : 

Quelque chose. Là-bas dans l’ombre blafarde. Entre les arbres, là où les fourrés s’enchevêtrent à foison. ça bouge.

Et le début d’un autre chapitre comme ça : 

Loin, loin, jusqu’à ce que…non. 

Quant aux personnages, la majorité est présentée comme un balayage, une anecdote sur eux, une contextualisation, et c’est tout. Certes, ils ne sont pas des personnages principaux, mais même pour des personnages secondaires, ils sont sacrément effacés. Quant à ceux sur le devant de la scène, je ne sais pas si certains ont volontairement été écrits pour qu’on ressente de l’incompréhension à leur égard mais Byatt, par exemple, était si étrange et confuse qu’on avait la sensation que l’autrice ne savait pas ce qu’elle voulait en faire. 

Certaines de ses réactions n’avaient aucun sens, aucune explication. Et même s’il est vrai que les êtres humains font parfois des trucs sans raison (comme moi j’aime tripoter les oreilles des gens ou mordre la joue des bébés), là, c’était bien trop important pour qu’on estime cela acceptable et cohérent. 

Quant au rythme, il est lent. Si dans un huit-clos cela est de mise avant de faire monter la pression progressivement, il n’y avait pas de données essentielles faisant patienter. Comme je l’ai dit, on suivait le traintrain de filles défigurées et meurtries par une maladie dont elles ne savaient rien, sans avoir des informations sur ladite maladie. 

L’accélération de la cadence a été le moment que j’ai préféré durant ma lecture, mais Hetty a été le personnage agaçant avec effet boule de neige qui par son égoïsme entraine beaucoup de problèmes. 

La fin, elle, m’est restée de travers. 

Affinités :

Ce n’était pas une déception. Je pense que si l’on accroche au style arraché et vraiment « parlé » de l’autrice sans être agacée par les bouts de mots balancés, on peut passer un super moment de lecture. 

C’est pourquoi, si vous êtes un peu traditionnel dans le style d’écriture et que vous rechercher des scènes haletantes dès le début, passez votre chemin. Si vous n’avez rien contre les rythmes très lents et les fins ouvertes, tentez le coup. 

Je terminerai en disant qu’il ne faut pas avoir peur des descriptions « gores ».

Personnellement, je n’ai pas trouvé gore ni même sourcillé en lisant :

J’ouvre la bouche. Et Reese fourre deux doigts dans ma gorge, au fond, tout au fond, aussi profondément que possible.

ou encore : 

Il arrache son masque et crache un truc qui atterrit sur ma poitrine. Un petit truc blanc et brillant. De l’os. 

Mais ce n’est pas le cas d’autres lecteurs, selon les avis que j’ai lu. De même, si vous vivez très mal la situation sanitaire, évitez-le.

Spoiler :

Ce n’est pas une bouffée d’espoir et le parallèle avec la réalité pourrait vous miner.

Ma note : 13/20

12 réflexions sur « Wilder Girls – un virus défigurant et ravageant l’extérieur comme l’intérieur »

  1. Je n’ai pas trouvé ce roman lent et l’écriture ne m’a pas dérangée, en revanche je ne me suis pas attachée aux personnages et la fin m’a semblé tellement invraisemblable (aucun problème sur le fait que ce soit une fin ouverte, toutefois) que j’en suis ressortie franchement mitigée, sans compter certains passages très prévisibles…

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    1. Oui, l’écriture est une histoire d’affinités, mais bon, je suis souvent à contre courant. Pour la fin ce n’est pas ça qui dérangé le plus mais comme tu dis, je ne me suis pas attachée aux personnages, donc c’était déjà mort pour moi

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  2. au contraire de toi, j’ai vraiment apprécié le style d’écriture ainsi que l’aspect huis clos qui se referme lentement mais ça, c’est parce que j’ai une préférence pour les romans avec descriptions et sans surplus d’actions. ma déception va pour la fin, trop rapide, trop étrange.. ça aurait mérité des chapitres supplémentaires

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    1. Pour le huis-clos, si tu n’as pas lu Yardam, je te le recommande vraiment alors. Ce roman a réussi à me happer direct et j’ai bien ressenti toutes les émotions de manière vives. Mais Wilder girls non. Du coup c’est une histoire d’affinités pour l’écriture. Pour la fin, je suis d’accord avec toi, c’était assez précipité.

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