Ajin, tome 15 – l’homme, cet être si complexe

Genre : Seinen

Editeur : Glénat

Résumé :

Kei Nagai a tout parié sur un plan exécuté à la dernière minute pour coincer Sato.

Le piège qui devait l’enfermer à jamais reste cependant désespérément silencieux.


Alors que tout semble perdu, un personnage inattendu fait une entrée fracassante au cœur de la base en flammes…

Mon ressenti :

Le titre n’est pas pour faire joli. Je trouve qu’Ajin a su, du tome 1 jusqu’au tome 15, parfaitement refléter à quel point l’homme est l’espèce la plus complexe qui soit.

Sans partir dans un débat philosophique, Gamon Sakurai sait à chaque fois faire ressortir parfaitement les complexités de la personnalité et de la psyché humaine. Avec une subtilité qui pourrait faire penser que plus réfléchir à la construction de son histoire serait se prendre la tête pour rien.

Mais je vais quand-même le faire, parce que ce tome m’a donné la sensation que mes hypothèses étaient véridiques.

Il est « normal » d’essayer de comprendre ce qui nous entoure, l’être humain est curieux et s’intéresse à son environnement pour assimiler les choses et mieux les saisir. Sauf que certaines actions n’ont pas forcément de cause et d’explication. Certains comportements peuvent ne pas être menés par une seule et unique motivation. C’est ça, être humain. Et en lisant Ajin, à chaque fois, l’auteur semble nous pousser à s’interroger sur les actions des personnages et à nous faire ressentir de la frustration parce qu’on n’est pas sûr d’y être réellement parvenu.

On peut y voir une forme de réflexion sur ce qu’est la nature humaine. Les Ajins étant immortels, dépassent ce statut, et poussent à se demander « pourquoi doit-on mourir ? », « pourquoi cette absence d’état mortel est si effrayant ? », « pourquoi ne serait-ce pas eux, la normalité et les mortels, une forme de défaillance dans le processus, et donc, ceux imparfaits ? », « est-ce qu’être immortel implique forcément avoir une part plus sombre, par le fait que la vie n’est plus vécu avec la même intensité, mais dans une sorte de langueur et de lassitude qu’on essaye d’animer pour se sentir vivant? »

La dernière interrogation est bien incarnée par le personnage de Sato : il n’a cessé de démontrer qu’il ne réfléchit pas comme on s’attendrait d’un homme. Il n’hésite pas à se tirer une balle dans la tête ou à passer dans un broyeur de bois afin d’atteindre ses objectifs. Il ne se soucie pas que sa capacité à revenir s’enraille et qu’il y reste. Son corps est relégué à une forme d’outil nécessaire pour ressentir de l’amusement. Ne pouvant jamais mourir, en ayant accompli tout ce qui nous intéresse, à quoi bon toujours vivre ? Pas vivre dans le sens de respirer, mais vivre dans l’idée de ressentir toujours les choses, d’être animé par une flamme.

Une partie cruciale de ce tome consolide mon hypothèse. Il a sincèrement remercier Kei de l’avoir affronter. On l’oublie peut-être à cause des délais de publication, mais cette « guerre » a commencé sans qu’aucun n’ait véritablement de grief contre l’autre. Kei s’est placé en opposant à Sato parce qu’il dérangeait son quotidien paisible. Et Sato a répliqué parce qu’il avait adoré la « fraicheur » de combattre un homme immortel.

Sato est-il un psychopathe parce qu’il a un trouble de la personnalité ? Ou bien a-t-il un trouble de la personnalité parce qu’il est un Ajin ?

Jusqu’à présent, les Ajin présentés étaient tous atypiques, et avec un certain détachement froid pour leur entourage, ainsi qu’une anesthésie des sentiments. Kei Nagai a été jugé sévèrement par sa sœur pour ce trait de personnalité aussi, et même les Ajins du côté du « bien » marquent par leur indifférence pour la vie.

Et à l’extrême opposé de cette indifférence pour autrui, il y a Kaito qui rend perplexe par son trop grand intérêt pour le bien des autres.

Kaito et Sato, sont à mon sens, les deux personnages exprimant le mieux cette complexité. On peut trouver à Kaito une forme de loyauté naïve et pure qui vire à l’imbécilité quand on voit qu’il est toujours prêt à aider, même quand personne ne lui demande rien, et qu’il ne garde aucune rancune. On peut se dire qu’il est juste foncièrement bon, et si on est du clan des sceptiques, on penchera plutôt pour la qualification de véritable niais, dans le sens où, malgré les crasses et les trahisons qu’il subi de ceux qu’il vient en aide, il n’en garde ni rancune, ni animosité.

Est-ce possible d’être si altruiste ? Est-il en intense besoin de reconnaissance et d’amitié ? Souffre-t-il tant de la solitude qu’il est prêt à tendre la main à n’importe qui ? A-t-il le syndrome du sauveur ? Ou bien est-il un simple d’esprit ?

Bref, c’est ce qui est si jouissif avec Ajin : on ne sait jamais ce qui se passera à la page -et même à la case- suivante lors de la lecture.

Un personnage va-t-il mourir ? Découvrira-t-on qu’il est aussi un Ajin ? Sato sera-t-il vainqueur de cette guérilla qui n’est qu’un jeu pour lui ? Kei laissera-t-il son degré de psychopathie l’emporter en arrêtant de se fatiguer à empêcher le Japon de brûler à coup de crash d’avion ?

Beaucoup de questions, et à chaque tome, peu de pages pour étancher la soif.

Ma note : 18/20

7 réflexions sur « Ajin, tome 15 – l’homme, cet être si complexe »

  1. Ah la la ! C’est déjà toi qui m’avait donné envie de me lancer dans la serie, j’avais acheté le pack decouverte l’année dernière et j’ai adoré ces deux premiers tomes mais je n’ai pas encore continué. Mais j’ai vu une médiathèque qui les a donc tôt ou tard je ferai la razzia !

    Content de revoir un article de toi en tout cas !

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    1. J’espère que tu continueras. Ajin restera surement jusqu’à la fin, une série chère à mes yeux. Ce tome me l’a brillamment rappelé (les délais de publication estompe parfois combien j’aime ce manga)

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  2. Je n’ai pas été très conquise par le tome 15 mais je n’exclus pas le fait que ce ne soit vraiment pas une bonne période pour lire pour ma part.
    Sans être une déception, il me tarde d’avoir plus de matière à me mettre sous la dent.
    En tout cas, ton retour est intéressant.
    Kaito, d’ailleurs, je me suis posée la question aussi. 😔 À suivre. 😉

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      1. Mais je suis vraiment à côté de mes pompes en ce moment. C’est problématique.
        D’ailleurs, j’en profite pour te dire que le père Noël m’a amené les 5 tomes de Mackayla Lane. Je ne sais pas encore si je vais me lancer ou non prochainement. 😊

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