Soif, ou comment le Christ a affronté sa condition selon Amélie Nothomb

Genre : Littérature belge

Editeur : Albin Michel

Résumé :

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« Pour éprouver la soif il faut être vivant. »

Mon ressenti :

Je n’ai, hélas, pas apprécié cet écrit. C’est bien le premier d’elle qui me déplaît tant. Tout n’est pas à jeté, mais je n’ai pas trouvé cela très approfondi. Plutôt surfait, les liens se voulant philosophiques qu’elle faisait était très communs.

Il s’agit d’un récit qui nous met dans la tête du Christ, de son procès sous l’œil de Pilates, à sa crucifixion et même lors de sa résurrection. Il n’y a pas eu de rencontre entre moi et ce texte. Mes opinions personnelles jouent peut-être, bien que je sache prendre de la hauteur et entendre les avis de chacun, qu’ils soient athée ou de religion autre que le christianisme.

Mettant de côté que cela peut être présomptueux de raconter tout ceci à la 1ère personne (il le fallait bien pour que l’immersion soit parfaite), le thème très pertinent (en effet, quelles ont été les dernières pensées de Jésus ?), et la plume (en tout cas au début) toujours sarcastique, n’ont pas su, en faisant le parallèle entre la soif et la volupté religieuse, m’éblouir…

Il y a des gens qui pensent ne pas être des mystiques. Ils se trompent. Il suffit d’avoir crevé de soif un moment pour accéder à ce statut. Et l’instant ineffable où l’assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d’eau c’est Dieu.

De même pour le sommeil qui peut transcender, grande dormeuse que je suis et ayant une passion à boire de l’eau, que ces deux actes amènent une jouissance sans pareille, ceci, je le savais déjà. Dire que c’est l’égale de Dieu…admettons, pourquoi pas. Mais je ne vois rien d’extraordinaire à ces pensées.

Oui, l’incarnation est le thème principal. A travers le corps, Jésus à éprouver divers plaisirs : les plus simples, les plus quotidiens et pourtant, les plus exaltants pour lui. Par ce corps, il a pu aimé et être aimé, ressentir, échanger, aider.

L’amour universel est un acte de générosité qui suppose une lucidité douloureuse.

Des plaisirs que son père ne connaîtra pas et ne comprendra jamais car il est immatériel. Et le pendant du plaisir, la souffrance, est connu aussi « grâce » au corps, ce qui mène à cette réflexion globale : Dieu a été dépassé par sa création. Etant dépourvu d’enveloppe charnelle, il ne pouvait être assez « humain » pour imaginer tout ce qui est possible d’infliger à cette chair, que par la mort de son fils qui sera un symbole par excellence du martyr, il engendrera par la suite, le pire. Soit. Mais voyez, il s’agit assurément d’un texte qui divisera, auquel on adhère ou pas. Les non croyants (voire ceux répugnants la religion) seront autant embêtés que ceux ayant la foi et qui, eux, verront trop de blasphèmes dans ces lignes.

Si dans l’ensemble, les miracles, le parcours et les actes du Christ ont été respectés, l’auteure s’est permis quelques libertés avec ce personnage biblique qu’elle a humanisé (point intéressant) tout en jonglant avec le côté divin (ce que j’ai trouvé creux selon son angle). Dans le tas, elle a interprété la parabole de l’arbre maudit par Jésus qui ne portera plus de fruits comme ayant été un excès de colère de ne pouvoir manger des fruits juteux, faisant Jésus regretter dans sa geôle son acte qui le laisse plein de honte. On est bien loin des saints écrits. Naïveté, mépris, passion, orgueil, réflexions, c’est donc un Jésus ordinaire qui est peint, différent des évangiles. Elle le montre sous l’angle où, loin d’avoir accepté son sort, la souffrance de porter une croix jusqu’à être cloué dessus, il en a voulu à son père, comme n’importe quel homme qui ne serait pas l’abnégation personnifiée.

Comment ai-je pu choisir d’être moi ? Pour la raison qui préside l’immense majorité des choix : par l’inconscience. Si on se rendait compte, on ne choisirait pas de vivre.

Jésus n’avait pas peur de la mort, il craignait la souffrance. Et en effet, si les gens savaient qu’ils souffriraient de leur vivant, combien le voudrait quand-même ardemment ?

Je ne pense pas me tromper en disant que j’ai compris la plupart de ses ponts métaphysiques et par conséquent, je peux dire que je n’y adhère pas. Relevons tout de même que le prix, lui, finira par assoiffer le lecteur, tant il est élevé pour si peu de pages.

11 réflexions sur « Soif, ou comment le Christ a affronté sa condition selon Amélie Nothomb »

  1. J’ai hésité à lire cet ouvrage, mais j’attendais les premiers retours qui rejoignent souvent le tien : une déception ! Autant l’idée peut être bonne/pertinente, autant je n’ai pas spécialement envie de lire ça en ce moment… Surtout que, comme tu le soulignes, c’est souvent cher pour peu de pages !!!

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    1. Tout à fait, j’en ai vu pas mal sur babelio aussi. Je m’attendais pas à ce thème non plus. Mais depuis certains livres elle explore la famille, relation enfant-parents (riquet à la houppe), mère et fille (frappe toi le cœur), et avec ça : père et fils version divin

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  2. Amelie Nothomb pour moi, c’est tout l’un ou tout l’autre. J’ai adoré certains et pas forcément adhéré ou compris le sens d’autres (je l’avoue ! ^^). Le thème de celui-ci me parle déjà moins même si le côté « historique » peut être intéressant. Mais les quelques extraits que tu commentes ici ne m’invitent pas plus que cela à vouloir tenter l’aventure. Même si elle a l’air de proposé un Christ original.
    C’est fou ces livres si courts à un tel prix.

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    1. J’ai pas lu tous ces livres (mais je compte le faire) mais jusqu’à présent j’ai saisi où elle voulait en venir, par contre ses références me passaient parfois au dessus de la tête (comme barbe bleu). Ya eu des déçus et des satisfaits, mais je ne te conseillerai pas spontanément celui-ci. Oui ! Les prix sont complètement fous !

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