Egregor – Le souffle de la foi, Tomes 1 à 3 : De forgeron à guerrier

Genre : Seinen, Fantasy

Editeur : Meian

Résumé :

Depuis près d’un siècle, les chevaliers Égides protègent le peuple de Soteria contre les sanguinaires Faucheurs qui surgissent au crépuscule avant chaque pleine lune. La menace pèse sur tous les habitants d’une ville ou d’un village, pris pour cible au hasard.
Après une livraison d’épées à la capitale baronniale, Foa, jeune forgeron de Lightyard, va voir son destin basculer.
Des braises rouges apparaissent, le premier signe annonciateur d’un massacre et en même temps, la toute première Moisson nocturne…

Mon ressenti : 

Egregor est une autre série avec Kingdom, pour ainsi dire « pur jus » de Meian (ici), un éditeur ayant réédité (sauvé) de nombreux manwhas que Booken avait abandonné : The Breaker (ici), Arès (ici), Yureka (ici).

Ce manwha de type dark fantasy est un reboot car la première version, suite à quelques problèmes n’avait pas pu poursuivre son évolution. Le fait que le dessinateur soit le coréen Kim Jae Hwan très connu en France et avec de nombreuses œuvres à son actif comme Demon King a pu susciter l’intérêt de nombreux lecteurs même si les éléments essentiels restent la narration et les intrigues d’une histoire.

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Foa, un jeune forgeron va voir sa vie basculer après une livraison d’armes à la baronne. Lors de son trajet sur le chemin du retour il a une apparition mentale sinistre : sa ville est en flamme. Constamment menacé par les Faucheurs qui surgissent au crépuscule avant chaque pleine lune, les habitants de divers villes et villages peuvent compter sur les Égides pour les protéger mais ne sont pas non plus complètement sereins. Ce qui était le cas de Foa lors de sa pensée sinistre. La suite montrera que ce n’était pas juste une dérive de l’esprit, mais bien une vision d’un futur proche. Les Faucheurs vont changer leur modus operandi et vont attaquer de nuit, surprenant les villageois, créant des morts et permettant au lecteur de voir les deux forces adverses à l’action, prendre en compte les styles de pouvoir et s’interroger sur leurs motivations et buts. 

Il y a de nombreuses planches affirmant qu’il s’agit de dark fantasy : des têtes découpés lors des batailles, une indifférence envers les victimes (femmes, enfants, hommes), des monstres, des êtres mi-hommes mi-bêtes, des pouvoirs spéciaux et une quête obscure et de vengeance.

Ayant vu les membres décimés de son village, Foa va lui aussi révéler des capacités intéressantes. Tout comme trois autres jeunes hommes qui apparaissent alors avec lui comme personnages principaux : Raust, Hatal et Pilin. Chacun d’entre eux à la fin du tome 1 sera envoyé dans une institution spécialisée qui leur permettra d’exploiter au mieux leur don. La guilde de l’arcane pour Hatal, l’école de l’acuité pour Pilin, Foa au Rempart de salut et Raust va devenir un Faucheur. Un point surprenant où l’on se demande si par la suite, Raust restera dans le droit chemin ou embrassera vraiment leur cause.

Pour contrer les Faucheurs qui massacrent les habitants d’une ville choisie aléatoirement et qui la laisse à feu et à sang afin que les Ramasseurs viennent récupérer leur corps, le « Rempart du Salut » existe et forme des chevaliers jusqu’au statut d’Égides. Ils possèdent au front un implant neuronale qui amplifie la force de leur esprit et leur permet d’avoir des visions proches et ainsi de prendre de l’avance sur leur combat, en plus de capacité hors normes.

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Les décors de l’histoire permettent une lecture immersive, les bâtiments sont plutôt de style occidentaux. Certaines planches laissent supposer que le dessinateur utilise le numérique comme méthode de travail car une impression de photos est présente, notamment dans les moments où un personnage est flouté pour renforcer la présence d’un second.

Après avoir lu les trois tomes, une vision d’ensemble s’installe et ce qui peut paraître confus au début de la lecture prend sens par la suite. Quant au titre, lui aussi il prend sens, après une petite recherche : un égrégore est, dans l’ésotérisme, un concept désignant un esprit de groupe influencé par les désirs communs de plusieurs individus unis dans un but bien défini. Cette force aurait besoin d’être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis.

C’est ce qui ressort de la secte que forme les Faucheurs : ils font des rituels sanguinaires dans un but précis, ramener quelque chose qu’on devine encore plus chaotique que leurs actions.

Ô Tiphereth notre père bien-aimé, Dieu de l’Âme et créateur de l’Astre Solaire…Accordez-nous votre Feu, accordez-nous votre Sang…Afin que la Rose des Vents étincelle à nouveau de mille feux !!!

Au fil des tomes, on verra comment ils compensent leurs pertes en Faucilles et Faux, et les machinations qu’ils mettront en place afin d’effectuer les moissons les plus prometteuses. Chose très intéressante : l’auteur donne l’impression que n’importe qui peut devenir une Faux s’il en a les affinités. Un climat de méfiance et de suspicion prend place dans cette atmosphère déjà sombre et pesante. Cela favorise les interrogations sur le leitmotiv de ceux ayant rejoint cette secte. Du pourquoi ils l’ont quitté pour se reconvertir (s’ils l’ont bien quitté) et de s’ils sont bien des personnes de confiance à présent ou des Judas. Dans les deux camps, ces électrons libres existent et permettent d’étoffer l’histoire.

La moisson la plus productive de l’histoire de l’adoration va avoir lieu aujourd’hui. Fauchez toute vie, ne laissez pas une seule âme s’échapper. Soyez ravis car nous nous abreuvons de sang en ce jour béni. 

L’approche narrative de l’auteur est intéressante dans le sens où ce n’est pas linéaire et commun, mais plutôt une histoire qui se complète au fur et à mesure des pages et qu’on commence à trouver cohérente via une vision d’ensemble. Evidemment, c’est à double tranchant. En donnant rapidement des termes particuliers et propre à un monde inconnu au lecteur et en faisant apparaître divers personnages qu’on arrive pas forcément à distinguer d’un coup -(car leurs caractéristiques physiques sont très similaires et parfois ce n’est que la façon dont les cheveux sont attachés qui permet de les différencier), cela peut le perdre et lui donner une sensation brouillonne. Mais ce ressenti finit par s’estomper, surtout que l’auteur a donné une fiche des personnages qu’il introduit entre les chapitres, permettant de s’y retrouver.  

Par ailleurs, au tome 3, l’auteur a fait le choix de sortir de la routine classique : bien qu’il ait montré au tome 2 la nouvelle vie que mène nos trois héros, les nouveaux liens qu’ils tissent et les rivalités qu’ils se créent, il n’a pas poursuivit dans le schéma commun du genre à savoir un tournoi, par exemple.  Au contraire, il nous offre une guerre qui permettra de découvrir de nombreux autres personnages. Les personnages secondaires et même tiers ne sont pas des éléments de décoration. Ils participent activement au bon déroulement de l’histoire, s’affirment et s’affranchissent, créent un contraste entre les préceptes de « l’ancienne génération » d’Égides et la fougue de la « nouvelle génération » qui s’adapte et se module, luttent et périssent. Ils permettent d’avoir un plus grand champ de vision du monde de l’auteur sans forcément se concentrer sur les trois héros. Ce petit air frais narratif apporte une dose de suspense qui bonifie l’intrigue car on ne voit pas de manière prévisible où il veut nous mener.

Concernant l’édition, Meian a de nouveau fait du bon travail pour ces trois tomes. Une surbrillance argentée qui attire l’œil, un papier souple, sans transparence et plutôt épais et un prix toujours très abordable. Le tome est à 6,95 euros.

Affinités : 

Bien que ce soit du dark fantasy, le dessinateur n’en fait pas « des tonnes » lors des scènes de moissons, et parfois, par rapport à ses méthodes de travail, l’aspect « froid » qui ressort des planches rend l’oeuvre moins choquante visuellement. Le public doit être averti, mais je pense qu’il est plus accessible que les 7 ninjas d’Efu (toujours chez Meian et qui pour le coup, frappe vraiment visuellement lors des massacres et peut rendre mal à l’aise). Si vous aimez l’aventure, que vous chercher de la dark fantasy qui se déroule bien malgré un début qui peut paraître un peu confus et que vous aimez  le style de ce dessinateur, il n’y a pas de raison de ne pas lire Egregor. Ce ne sera pas forcément le titre le plus original dans le genre ou qui se démarque le plus, mais la lecture n’en est pas désagréable pour autant.

Ma note pour les trois tomes : 14,5/20

Je remercie les éditions Meian pour ce service presse !

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6 réflexions sur « Egregor – Le souffle de la foi, Tomes 1 à 3 : De forgeron à guerrier »

  1. Oh, ça m’a l’air bien sombre ce scénario avec les moissons et les faucheurs ! Ca m’a l’air intéressant, bien que sanglant (mais c’est cohérent si c’est de la dark fantasy :D). C’est une trilogie ou bien la série est en cours ? Il ne me semble pas avoir vu l’info… 😡

    Aimé par 1 personne

    1. En effet j’ai pas mis l’info, merci a toi j’irai éditer plus tard, mais c’est en cours ! Il y a 3 tomes de sortis pour l’instant. Comme ce n’était pas une nouvelle licence d’août de Meian, j’ai oublié de préciser 😅
      Il y a d’autres lecteurs qui ont bien plus accroché que moi, mais dans le fond c’est sympa.

      Aimé par 1 personne

      1. C’est marrant parce que je crois que je n’avais jamais fait attention à leur maison d’édition, mais elle a l’air de proposer des titres très intéressants !

        Aimé par 1 personne

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