Jormungand, Tomes 1 et 2 : Un enfant soldat haïssant la guerre au service d’une vendeuse d’armes

Genre : Seinen

Editeur : Meian

Résumé du tome 1 :

Jonah est un enfant-soldat qui hait les armes depuis qu’il a perdu ses parents lors d’un bombardement. Il s’infiltre dans la milice privée de Koko Hekmatyar, une jeune vendeuse d’arme au caractère pour le moins… explosif !

Entre les mordus de guerre, la jeune femme amoureuse de sa patronne ou encore un enfant qui tue de sang-froid, Jormungand est un sacré mélange ! Un mélange plaisant à suivre tout autour du globe. Petit à petit, vous découvrirez les origines du mal, ce monde corrompu que l’auteur nous dévoile avec subtilité au fil des pages.

Mon ressenti : 

 L’histoire relate la vie d’un ex-enfant soldat nommé Jonah qui a tout perdu à cause des guerres et armes. Depuis, il voue une haine aux trafiquants et marchants d’armes mais pourtant, il intègre la troupe nommée « jormungand », menée par une marchande d’armes assez fêlée : Koko Hekmatyar.

Ce nom est une référence directe au serpent-monde :

Je pourrais dévorer cinq continents

Et engloutir trois océans, le ciel

Me restera à jamais inaccessible,

Prisonnier de ce corps sans ailes,

Sans bras, sans jambe

Je suis le serpent-monde, 

Mon nom est Jörmungand. 

Pour la petite histoire, dans la mythologie nordique, Jörmungand est l’un des quatre fils de Loki, châtié par Thor, il sert en quelque sorte à la cohésion du monde puisqu’il l’encercle. Aussi connu sous le nom grec d’Ouroboros : un dragon/serpent qui se mord la queue, symbole par excellence de l’éternité (que l’on a pu voir par exemple sur les Homoculus de Fullmetal Alchimist).

Dans le premier volet, c’est l’insertion de Jonah et sa présentation aux 8 autres membres du groupe. Teint de peau mâte, cheveux argentés, tempérament calme, yeux froids, l’auteur dessine un portrait laissant deviner que cet enfant n’est pas banal, ajoutez lui une arme : son air sombre se renforce.

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On est livré en plein cœur d’une affaire concernant un chargement d’armes. Koko est connue et est importante, surnommée la princesse, elle n’a pas le caractère « pourri-gâté » que l’on pourrait croire : elle s’impose dans les affaires que ce soit face à un commandant de l’armée où à un secrétaire d’état.

Pour l’instant, bien qu’elle dise vendre des armes pour la paix dans le monde, je ne vois pas trop où elle veut en venir, quelles sont ses motivations–hormis l’argent. Jonah est si calme qu’il a un l’air un peu endormi, ce qui est volontaire de la part du mangaka puisqu’il ne change pas d’expression même en mitraillant autrui. Cela apporte aussi un contraste entre sa carrure et sa bouille enfantine et ses actes.

On se demanderait presque si notre monde n’est pas fait d’acier et de poudre noire tant il y a d’armes, où que l’on aille.

L’auteur s’est évidemment (bien) documenté, il précise les différents instruments de guerre que ce soit les hélicoptères, les armes à feu, les armes blanches, tout en montrant les conflits entre différents vendeurs d’armes, la concurrence, les coups d’avance pour retourner la situation alors même que plusieurs sniper mettent en joue Koko.

Concernant les dessins ils sont plutôt froids et sombres pour installer l’atmosphère propice aux meurtres, fusillades, courses poursuites, combats au corps à corps. Son style graphique emporte facilement le lecteur dans les gestes vifs et précis des protagonistes, sans que les combats ne soient confus, même s’il est vrai que certaines planches sont assez sombres.

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Malgré le thème sérieux, comme l’a dit l’auteur dans sa présentation, il s’amuse dans son histoire et met des légères touches d’humour, en faisant Jonah cuisiner par exemple.

Pour ce qui est des autres membres de la troupe, ils sont présentés assez sommairement, bien que Lehm et Valmet soient ceux (pour l’instant) les moins en retrait.  N’étant que le premier tome, il n’y a pas eu d’approfondissement sur la psyché des personnages. D’ailleurs, Koko est contradictoire dans sa façon de parler et de penser. Elle trouve immonde un commandant voulant toujours plus d’armes pour un conflit qui tourne mal et s’estime prise au piège alors même que cela serait profitable pour ses affaires.  Mis à part quelque informations sur son statut social dû à l’influence de son père, on n’apprend rien sur son passé.

 Un vent de corruption se trouve aussi dans ces pages mais surtout au tome 2.

Au tome 2, la troupe fait face aux deux membres d’un groupe de tueurs à gage : orchestra, pour lesquels les bruits de tirs, d’impact de balles dans la chair et cris des victimes forment une douce mélodie à leurs oreilles. Et afin d’obtenir ce son,  il ne manque pas d’imagination pour faire souffrir leur victimes.

Koko est détestée des tueurs à gage, ce qui est étonnant puisqu’il faut bien qu’ils achètent leurs armes quelque part pour commettre leurs crimes. En tout cas, ils veulent sa peau. Et ce tome se concentrera  sur les affrontements de ces deux camps adverses sans pitié jusqu’à l’apparition d’un agent de la CIA plutôt timbré : « Scarecrow » (l’épouvantail), qui manque clairement de moral et d’intégrité.

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La corruption se fait plus présente ici car même la police fait en sorte de ne pas contrarier Koko, voulant sûrement rester dans les bonnes grâces du père. Si l’auteur cultive l’innocence de Jonah par sa naïveté et son manque de culture faisant les membres lui apprendre les maths, l’anglais et autres matières, jusqu’à ce stade, aucune information personnelle n’est vraiment donnée sur les personnages : âge, passé, liens particuliers ou affinités ne sont pas révélés, mais l’apparition du frère de Koko va peut-être changer les choses.  La rage qui illumine enfin le visage sans expression de Jonah à leur rencontre en est le signe.

 La contradiction de Koko et son amusement lors d’une fusillade dont elle est l’objet est renforcée, mais toujours, je ne vois pas trop son leitmotiv et ce qui explique ce décalage entre ses paroles et ses actes. Même avec le (célèbre) conte chinois d’un marchand d’armes proposant un bouclier et une lance. A moins que le but ne soit de montrer l’absurdité de cette activité.

Affinités :

Que vous soyez calés en armes ou non, si vous aimez l’action, les affrontements vifs et sans pitié, que vous êtes intrigués par cet ex-enfant soldat qui fait un bout de chemin avec une marchande d’armes et que vous voulez découvrir ce que cache la contradiction que représente Koko, lisez Jormungand !

Bonus : 

Jormungand est une nouvelle licence de Meian dont la sortie est prévue le 22 juillet 2019 et que j’ai eu en avant première grâce à la Japan expo (mon retour ici). Il y a eu un animé dessus vers 2012 mais je ne l’ai pas visionné, donc c’est une découverte pour moi. Il y a un total de 11 tomes, déjà terminés dans la version originale.

Ma note :

Tome 1 : 14/20

Tome 2 : 15/ 20

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13 réflexions sur « Jormungand, Tomes 1 et 2 : Un enfant soldat haïssant la guerre au service d’une vendeuse d’armes »

      1. Ouais….Mais ça mériterais un boycott…

        Entre ça, Gigant, The Promised Neverland T9 (avec le beau coffret) et les autres titres de Meian (les ninjas d’efu par exemple) je me dis que ceux qui comme moi, ne peuvent pas se rendre à la Japan, sont vraiment lésés… Je trouve pas ça sympa de la part des éditeurs, car rien ne les empêchait de publier leur titre pour tout le monde, puisque visiblement ils sont déjà imprimés…

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      2. Arf je vois ce que tu veux dire. Je pense que c’est une affaire de vente et de tirage (genre que 1000 pour la convention).
        Ils impriment spécialement en avance pour vendre plus ou pour inciter les gens à venir à la Japan par exemple. Moi j’y suis allée que le 5 mais Meian n’a reçu ses nouveautés que vers milieu de l’après-midi (donc ceux venu que le 4 ont loupé). Donc je pense qu’ils impriment en mode « spécial Japan » puis le jour de la sortie en tirage plus conséquent.
        Après, ki-oon par exemple avait des dates de sorties pour ses suites qui correspondaient à la Japan (je sais pas pour leur nouveauté rien n’avait attiré mon œil). Ou ils se disent que c’est pas grave ou peut-être qu’ils se font cette réflexion : si les nouveautés sortent en même temps que la Japan, pourquoi les gens y viendraient ? (c’est grosso modo Ya bien d’autres trucs qui peuvent attirer quelqu’un à la Japan mais je pense que ça joue). De même, les goodies offerts sous certaines conditions c’est pour inciter à acheter voir même faire acheter plus que prévu (et souvent les offres sont pas cumulables. Genre 3 mangas = 1 poster, 2 mangas = 1 marque page etc… On aurait pu croire que du coup pour 3 mangas on obtient maque page + poster (taifu l’avais fait au 18e impact là je sais pas car je leur ai rien acheté, mais boys love IDP non, il aurait fallu acheter 5 mangas pour avoir les deux goodies). Même à livre Paris c’est le même système donc je pense que c’est une histoire de chiffre d’affaires et effectivement, les fans qui ne peuvent pas venir sont lésés (je sais pas si kaze mettra le coffret dont tu parles en vente après) mais certains éditeurs mettent le reste des goodies sur leur site parfois.

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      3. Oui c’est totalement ça. Ils incitent à la surconsommation. Déjà qu’ils font payer l’entrée assez cher (mais bon, t’as quand même une structure à financer et il y a des trucs à voir style les concerts, interview etc… donc c’est logique).

        Mais c’est vrai que beaucoup y vont surtout pour acheter des manga, et les éditeurs incitent à l’achat de plusieurs tomes pour avoir un goodies.

        Pour le coffret de Kazé, ils sort en aout, comme Ki-oon avec le premier tome de Gigant. C’est pénible de devoir attendre, alors que les gens sur les réseaux balancent déjà leur avis et leur spoil. (j’en ai évité un sur TPN 9 de justesse ^^)
        Du coup c’est assez agaçant, car bon si t’as pas la chance d’habiter à coté ou les moyens d’y venir t’es pas considéré… (je vis dans le sud, je te raconte pas à combien ça me reviendrait pour y passer 2 jours xD)

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      4. Oui les prix ont vraiment augmenté cette année, j’y suis allée pour mettre un peu d’épices dans mes vacances car sinon elles seraient plates de chez plates. Certains ont l’achat facile moi j’avais un budget donc j’allais pas acheter plus que pour des goodies lol (pareil j’ai pas pris certaines nouveautés par rapport au budget).

        J’habite Montpellier donc ouais je connais les prix abusés de TGV + transport Paris mais j’ai beaucoup de connaissances sur Paris alors ça aide 😏 (pas d’hôtel).

        Et je comprends l’agacement par rapport aux spoil, si j’en fais je préviens en rouge par principe mais certains ont tendance à raconter tout ce qui se passe par détails dans leurs avis 😅 ou d’autres s’amusent à spoiler (je comprends pas l’intérêt).

        Après franchement, je pense pas que les éditeurs changeront de façon de faire, c’est des livres et de la passion qu’ils proposent mais ils restent des commerçants.

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      5. haha, mais je comprends tout à fait, les éditeurs ont totalement raison de faire ça, la preuve, ils vendent à bloc ^^

        T’es de Montpellier ? J’habitais dans l’Hérault il y a quelques années, au Cap d’Agde précisément 🙂

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